
- 4 sept. 2025
- Élise Marivaux
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On parle beaucoup de nootropiques, mais la vraie pièce manquante de bien des routines bien-être reste la choline. Elle touche tout: mémoire, humeur, énergie, foie, grossesse. Bonne nouvelle: c’est simple à mettre en place. Moins bonne: ce n’est pas une pilule magique. Vous aurez des résultats si vous dosez correctement, choisissez la bonne forme et alignez votre alimentation.
- TL;DR - La choline est un nutriment essentiel pour l’acétylcholine (mémoire, attention), les membranes cellulaires et le foie. Beaucoup de Français n’atteignent pas l’apport conseillé (EFSA 2016).
- Objectif quotidien: 400 mg/j (adultes, EFSA). Femmes: 400 mg, hommes: 400 mg (EFSA); US NAM: 425 mg femmes, 550 mg hommes. Grossesse: 480-450 mg, allaitement: 520-550 mg (EFSA/NAM).
- Formes: bitartrate/chorure (budget, corps), phosphatidylcholine/lecithine (douce), alpha-GPC ou citicoline (cerveau, attention).
- Doses usuelles: 200-500 mg/j en santé générale; 300-600 mg/j alpha-GPC ou 250-500 mg/j citicoline pour le focus. Commencer bas, monter si besoin.
- Sécurité: éviter >3,5 g/j (UL NAM). Effets possibles: odeur «poisson», sueurs, gêne digestive, baisse tension. Parlez à votre médecin si grossesse, allaitement, maladie du foie, prise d’anti-cholinergiques ou d’inhibiteurs de la cholinestérase.
Pourquoi la choline compte vraiment (cerveau, foie, muscles, grossesse)
La choline alimente trois grands chantiers du corps: l’acétylcholine (neurotransmetteur clé pour mémoire, vigilance, contraction musculaire), les phospholipides (phosphatidylcholine, sphingomyéline) qui composent chaque membrane cellulaire, et la méthylation (via la bétaïne) qui influence homocystéine, énergie et expression des gènes (EFSA 2016; NIH ODS 2024).
Côté cerveau: des essais cliniques ont montré des bénéfices de la citicoline et de l’alpha-GPC sur l’attention et certaines fonctions exécutives chez des personnes âgées avec troubles légers ou après AVC. Chez l’adulte en bonne santé, les effets existent surtout sur la vigilance et la résistance à la fatigue mentale, mais restent modestes et variables selon le sommeil, l’alimentation et la dose (revues: Caudill 2018; Zeisel & da Costa 2009; NIH ODS 2024).
Côté foie: une carence entraîne une stéatose (foie gras) et des enzymes hépatiques élevées. Des études en chambre métabolique ont montré qu’un apport insuffisant provoque rapidement une accumulation de graisses dans le foie, réversible avec un apport adéquat (Zeisel, essais contrôlés). Cela ne veut pas dire que la choline «soigne» toutes les stéatoses, mais un statut correct est un prérequis.
Pendant la grossesse: la choline soutient le développement cérébral et la fermeture du tube neural; des essais ont observé de meilleurs marqueurs attentionnels chez l’enfant quand la mère avait des apports plus élevés en fin de grossesse. En pratique en France, beaucoup de vitamines prénatales contiennent peu ou pas de choline: il faut donc regarder l’assiette et compléter si besoin (ANSES 2023; EFSA 2016).
Sport et effort: lors d’efforts prolongés, la choline disponible peut diminuer. La supplémentation n’améliore pas systématiquement la performance, mais certains athlètes rapportent moins de «brouillard» en fin d’entraînement. C’est un levier à tester, pas une garantie (revues 2019-2023).
Besoins, sources alimentaires et comment repérer un manque
Repères d’apports (AI - apports adéquats):
- EFSA (Europe, 2016): Adultes 400 mg/j; Grossesse 480 mg/j; Allaitement 520 mg/j.
- US NAM/IOM (1998, toujours en usage): Femmes 425 mg/j; Hommes 550 mg/j; Grossesse 450 mg/j; Allaitement 550 mg/j.
Qui risque d’être en dessous? Végétariens/vegans (le jaune d’œuf est très riche), femmes enceintes, femmes ménopausées (moins d’œstrogènes = moins de synthèse endogène via PEMT), personnes avec variants génétiques (PEMT, MTHFD1), alcool élevé, nutrition parentérale, sportifs d’endurance. Signes possibles: fatigue, brouillard mental, crampes, élévation des enzymes hépatiques, stéatose non alcoolique - mais rien n’est spécifique, d’où l’intérêt du bilan médical si vous avez des symptômes.
Aliments riches en choline (moyennes Ciqual ANSES/USDA):
Aliment (portion) | Choline (mg) | Par 100 g | Remarque |
---|---|---|---|
2 œufs entiers (100 g) | ≈ 250-300 | ≈ 250-300 | Le jaune concentre la choline |
Foie de bœuf (100 g) | ≈ 350-420 | ≈ 350-420 | Top, mais goût/consommation variable |
Saumon cuit (120 g) | ≈ 65-80 | ≈ 55-65 | Poissons gras apportent aussi du DHA |
Cabillaud cuit (120 g) | ≈ 80-90 | ≈ 70-75 | Blanc de poisson = bon booster |
Poulet cuit (120 g) | ≈ 85-95 | ≈ 70-80 | Facile au quotidien |
Soja cuit (150 g) | ≈ 150-170 | ≈ 100-115 | Option végétale dense |
Lecithine (1 c. à soupe) | ≈ 250-400 | - | Variable selon marque (phosphatidylcholine) |
Lait (250 ml) | ≈ 40-50 | ≈ 15-20/100 ml | Petit coup de pouce |
Brocoli cuit (150 g) | ≈ 50-65 | ≈ 35-45 | Légume pratique |
Quinoa cuit (185 g, 1 bol) | ≈ 40-50 | ≈ 20-25 | Complément, pas source majeure |
Deux exemples de journées «objectif 400 mg» sans complément:
- Omnivore: 2 œufs au petit-déj (≈ 260 mg) + poulet 150 g (≈ 100 mg) + brocoli 150 g (≈ 55 mg) = ≈ 415 mg.
- Végétarien: tofu/soja 150 g (≈ 160 mg) + 2 œufs (≈ 260 mg) - si ovo-végétarien - sinon ajouter lécithine 1 c. à s. (≈ 250 mg) et viser 2-3 sources végétales = objectif atteint.
Astuce rapide: si vous mangez 2 œufs/jour, vous avez déjà ~60-70% de l’AI européenne. Le reste se joue avec une portion de volaille/poisson ou du soja + légumes.

Choisir son complément: formes, doses, timing et synergies
Toutes les formes n’ont pas le même profil. Tour d’horizon, avec qui-cible quoi.
- Choline bitartrate / chlorure / citrate: économiques. Apportent beaucoup de choline élémentaire. Intérêt: soutien global (foie, apports insuffisants). Moins «ciblé cerveau» que les formes suivantes.
- Phosphatidylcholine (lécithine de soja/tournesol): douce pour l’estomac, utile pour la bile et les membranes. Variable en % de choline, souvent 10-15%.
- Alpha-GPC (L-α-Glycerylphosphorylcholine): traverse bien la barrière hémato-encéphalique, utilisé pour l’attention et l’entraînement. ≈ 40% de choline par poids. Ressenti plus «nootropique» chez certaines personnes.
- Citicoline (CDP-choline): soutient membranes et acétylcholine, données solides en neurologie. ≈ 18% de choline par poids. Souvent mieux tolérée que les sels libres.
Doses usuelles (adultes en bonne santé):
- Santé générale / foie: 200-500 mg/j de choline élémentaire (ex.: 500-1 000 mg de choline bitartrate, qui contient ~41% de choline, donc 200-410 mg de choline).
- Focus / mémoire au quotidien: alpha-GPC 300-600 mg/j ou citicoline 250-500 mg/j. Commencer au bas de la fourchette pendant 7-10 jours.
- Grossesse: viser l’AI (EFSA 480 mg/j). Priorité aux aliments; compléter si l’assiette n’y arrive pas. Beaucoup de prénatales en France n’apportent que 0-100 mg: à vérifier avec votre sage-femme/médecin.
- Sport d’endurance (>90 min): testez 300 mg citicoline 30-60 min avant, et/ou couvrez l’AI sur la journée. Effet variable.
Timing: prenez avec un repas pour limiter l’inconfort digestif. Répartir en 2 prises peut lisser les effets (matin + midi). Évitez tard le soir si vous êtes sujet(te) aux rêves très vifs.
Synergies utiles:
- Oméga-3 DHA: duo classique pour membranes neuronales.
- Folate, B12, B6: soutiennent la méthylation et l’homocystéine - important si vous prenez beaucoup de choline ou avez des variants MTHFR/PEMT.
- Créatine: peut épargner des donneurs de méthyle et stabiliser l’énergie cellulaire - intéressant si vous êtes à l’apport bas en choline.
- Caféine: la citicoline peut épauler la vigilance avec moins de nervosité chez certains, mais testez d’abord sans mélange.
Petit arbre décisionnel express:
- Objectif «cerveau»: citicoline 250-500 mg/j ou alpha-GPC 300-600 mg/j.
- Objectif «foie / combler un apport bas»: choline bitartrate 300-800 mg/j ou lécithine (selon tolérance et étiquette).
- Grossesse/allaitement: alimentez d’abord avec des œufs, poissons, produits laitiers/soja; complétez (100-300 mg) si l’AI n’est pas atteinte. Validation médicale recommandée.
- Intestin sensible / odeur «poisson»: préférez citicoline ou alpha-GPC; commencez bas.
Sécurité, risques, TMAO et qualité produit: ce qu’il faut vérifier en 2025
Limite supérieure: aux États-Unis, la limite supérieure tolérable (UL) est 3,5 g/j (NAM/IOM). L’EFSA n’a pas fixé d’UL officiel mais recommande d’éviter des apports élevés et s’appuie sur les mêmes signaux d’effets indésirables (EFSA 2016). Restez dans les fourchettes efficaces ci-dessus.
Effets indésirables possibles: odeur corporelle «poisson» (due à la triméthylamine), gêne digestive, sueurs, salivation excessive, hypotension à doses élevées, maux de tête chez les personnes très sensibles au tonus cholinergique. Si ça survient: baissez la dose, changez de forme, prenez avec repas.
TMAO et cœur: la choline alimentaire peut être transformée par le microbiote en TMA, puis en TMAO au foie. Des études d’association ont lié des taux sanguins élevés de TMAO à un risque cardiovasculaire plus haut, mais la causalité n’est pas établie et le contexte alimentaire compte (les poissons, par exemple, contiennent naturellement du TMAO et restent cardioprotecteurs). Règle de prudence: pas de mégadoses chroniques; privilégiez une alimentation riche en fibres, légumes et poissons; préférez citicoline/alpha-GPC si vous êtes inquiet(e) du TMA/TMAO; parlez-en à votre cardiologue si vous êtes à haut risque (EFSA 2016; NIH ODS 2024).
Interactions et situations particulières:
- Médicaments anticholinergiques (certains antihistaminiques, antispasmodiques): la choline peut en contrarier l’effet; demandez un avis médical.
- Inhibiteurs de la cholinestérase (Alzheimer): ajouter des doses élevées de choline peut majorer des effets cholinergiques (nausées, bradycardie) - supervision médicale obligatoire.
- Maladie du foie, insuffisance rénale, grossesse/allaitement: personnalisation médicale recommandée.
Qualité et étiquette (France/UE, 2025):
- Regardez la «quantité de choline» (élémentaire), pas seulement le sel (bitartrate, chlorure, phosphatidylcholine). Exemple: 1 000 mg de choline bitartrate ≈ 410 mg de choline.
- Privilégiez des fabricants certifiés GMP; bonus si tests tiers (USP, NSF, Informed Choice pour les sportifs).
- Lécithine: préférez tournesol si vous évitez le soja; vérifiez le % de phosphatidylcholine (PC).
- Prix mensuel indicatif en France: sels/lécithine ≈ 10-25 €; alpha-GPC/citicoline ≈ 25-50 € selon dose et marque.

Checklists, plans d’action, mini‑FAQ
Plan d’action en 5 étapes (débuter en sécurité):
- Comptez vos apports sur 2-3 jours: œufs, viandes/poissons, soja, lécithine. Si <350-400 mg/j, vous êtes probablement en-dessous de l’AI européenne.
- Choisissez une cible: cerveau (focus), foie/santé générale, grossesse/allaitement, sport.
- Sélectionnez la forme: citicoline/alpha-GPC (cerveau), bitartrate/lécithine (apports globaux), PC/lécithine si estomac fragile.
- Démarrez bas: 200 mg choline/j (ou citicoline 250 mg; alpha-GPC 300 mg) pendant 7-10 jours. Notez sommeil, vigilance, digestion, odeur corporelle.
- Ajustez: montez de 100-200 mg si besoin; fractionnez matin/midi; alignez l’assiette; stoppez si effets gênants et testez une autre forme.
Check‑list d’achat (60 secondes):
- La dose indiquée est en choline élémentaire? (Sinon, convertissez.)
- Forme adaptée à votre objectif? (citicoline/alpha-GPC pour cognition)
- Certifications qualité visibles? (GMP; idéalement tests tiers)
- Additifs: sans colorants inutiles; capsules végétales si besoin.
- Transparence: provenance des matières premières précisée.
Deux plans alimentaires express (≈400-500 mg sans complément):
- Omni rapide: Omelette 2 œufs (280 mg) + bol de brocoli (50 mg) + pavé de saumon 150 g (80 mg) = ~410 mg.
- Végé sans œufs: Bol de soja/tempeh 200 g (≈140-220 mg) + lécithine 1 c. à s. (≈250 mg) + légumes variés = ~400-470 mg.
Mini‑FAQ:
- Dois‑je prendre la choline le soir? Plutôt matin/midi. Certaines personnes signalent des rêves intenses si prise tardive.
- La choline aide‑t‑elle l’ADHD? Les données sont très limitées chez l’adulte. Ne substituez pas un traitement validé. À voir au cas par cas avec un pro.
- Grossesse: combien? Ciblez 480-550 mg/j (EFSA/NAM) via l’assiette + complément si besoin. Demandez un avis médical.
- Acné ou chute de cheveux? Pas d’effet direct prouvé. Si vous remarquez un changement, stoppez 2 semaines et réévaluez.
- Foie gras non alcoolique (NAFLD): corriger une carence est utile, mais la choline seule ne remplace pas la perte de poids, l’activité et le contrôle du sucre.
- Combien de temps? 4-8 semaines d’essai suffisent pour savoir si vous ressentez un bénéfice subjectif; l’alimentation reste la base au long cours.
Pro tips (testés et simples):
- Commencez le week‑end: vous observerez mieux votre tolérance.
- Pas fan d’œufs? Une soupe + 1 c. à s. de lécithine se camoufle bien.
- Si l’odeur «poisson» apparaît: baissez la dose, passez à citicoline/alpha-GPC, soignez les fibres (légumes, avoine).
- Suivi simple: énergie mentale (0-10), lourdeur digestive (0-10), sommeil (heures), odeur corporelle (oui/non). Faites la moyenne sur 7 jours.
Sources et repères pour aller plus loin: EFSA NDA Panel (2016) sur les apports, NIH Office of Dietary Supplements - Choline (maj 2024), ANSES/Ciqual (tables 2020-2023), National Academies/IOM (1998) pour l’UL, revues de Caudill (2018) et Zeisel & da Costa (2009) sur les rôles et la carence.