- 2 déc. 2025
- Élise Marivaux
- 7
Vérificateur de sécurité des médicaments pendant la grossesse
Entrez le nom de votre médicament pour vérifier sa sécurité pendant la grossesse.
Si vous prenez un inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC) ou un bloqueur des récepteurs de l'angiotensine II (ARA II) pour votre tension artérielle, et que vous êtes enceinte - ou que vous envisagez une grossesse - il est crucial de comprendre les risques réels pour votre bébé. Ces médicaments, souvent prescrits depuis des décennies pour traiter l'hypertension, sont absolument contre-indiqués pendant la grossesse. Ce n'est pas une simple précaution. C'est une alerte médicale majeure, soutenue par des données cliniques solides et des lignes directrices internationales.
Quels sont les risques réels pour le bébé ?
Les IEC et les ARA II bloquent le système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA), un mécanisme naturel qui régule la pression artérielle et l'équilibre des fluides. Mais chez le fœtus, ce système est vital. Il permet aux reins de se développer correctement et de produire l'amniocytose, ce liquide qui protège et nourrit le bébé dans l'utérus.
Quand ce système est bloqué, les conséquences sont graves et rapides. Les bébés exposés à ces médicaments pendant la grossesse peuvent développer :
- Une insuffisance rénale fœtale
- Un manque extrême de liquide amniotique (oligohydramnios)
- Des malformations du crâne
- Une pression artérielle trop basse
- Un taux de potassium trop élevé (hyperkaliémie)
- Un arrêt cardiaque fœtal ou un décès néonatal
Des études comme celle de Moretti et al. (2011) ont montré que même si les malformations structurelles majeures ne sont pas plus fréquentes, les bébés exposés sont plus petits, nés plus tôt, et ont un risque accru de fausse couche - jusqu’à 25,4 % contre 12,3 % chez les femmes non exposées. Et ce n’est pas seulement un risque du deuxième ou troisième trimestre. Une méta-analyse de Buawangpong en 2020 a prouvé que même une exposition au premier trimestre augmente significativement les complications.
Les ARA II sont-ils plus dangereux que les IEC ?
Oui. Même si les deux classes de médicaments sont interdites pendant la grossesse, les données montrent que les ARA II - comme le losartan ou le candesartan - sont souvent associés à des résultats encore plus graves que les IEC comme l'énalapril ou le lisinopril.
L'American Heart Association a souligné en 2012 que les résultats néonatals sont « plus mauvais » après une exposition aux ARA II. Pourquoi ? Parce que ces médicaments bloquent de manière plus directe et durable les récepteurs de l'angiotensine II, qui jouent un rôle clé dans la maturation des reins fœtaux. Un bébé exposé à un ARA II a plus de chances de naître avec des reins non fonctionnels, ce qui peut être mortel.
En pratique, cela signifie que si vous prenez un ARA II et que vous tombez enceinte, le risque est plus immédiat et plus sévère que si vous prenez un IEC. Mais aucune des deux options n’est sécuritaire. Aucune.
Quels médicaments sont sûrs pendant la grossesse ?
Heureusement, il existe des alternatives éprouvées, bien étudiées et largement recommandées. Les trois options de première ligne sont :
- Le labétalol : un bêta-bloquant qui agit aussi sur les récepteurs alpha. Il est le choix préféré dans la plupart des pays. Il est efficace, agit rapidement, et n’a presque aucun effet sur le fœtus. La dose habituelle commence à 100 mg deux fois par jour, et peut être augmentée jusqu’à 2 400 mg par jour si nécessaire.
- Le méthyldopa : utilisé depuis les années 1970, c’est le médicament avec le plus long historique de sécurité en grossesse. Il agit sur le système nerveux central pour abaisser la pression. La dose typique est de 250 mg deux fois par jour, augmentée progressivement jusqu’à 3 g par jour. Il est particulièrement recommandé pour les femmes avec une hypertension chronique depuis longtemps.
- Le nifédipine : un bloqueur des canaux calciques. Il est souvent utilisé en deuxième ligne, surtout si les deux premiers médicaments ne suffisent pas. Il est efficace, mais doit être utilisé avec prudence chez les femmes ayant des problèmes cardiaques, car il peut affaiblir la contraction du cœur.
Les lignes directrices de l’ACOG, de l’AHA, et de Te Whatu Ora en Nouvelle-Zélande sont unanimes : ces trois médicaments sont les seuls à recommander pour une hypertension enceinte. Ils ont été testés sur des dizaines de milliers de grossesses. Leur profil de sécurité est excellent.
Que faire si vous êtes enceinte et que vous prenez un IEC ou un ARA II ?
Si vous découvrez que vous êtes enceinte et que vous prenez un inhibiteur de l’ACE ou un ARA II, arrêtez-le immédiatement. Ne l’arrêtez pas par vous-même sans consulter votre médecin - mais ne l’attendez pas non plus. Le risque augmente avec chaque jour d’exposition.
Ensuite, contactez votre médecin ou votre sages-femme dès que possible. Ils vont :
- Vous prescrire un médicament sûr, comme le labétalol ou le méthyldopa, dans les 24 à 48 heures.
- Programmer une échographie pour vérifier la quantité de liquide amniotique et le développement rénal du bébé.
- Surveiller votre pression artérielle de plus près, avec des contrôles hebdomadaires ou même plus fréquents.
Il n’y a pas de temps à perdre. Même si vous êtes au premier trimestre, l’exposition peut déjà avoir des effets. La plupart des complications se développent entre la 12e et la 34e semaine, mais les dommages rénaux peuvent commencer bien plus tôt.
Et si vous voulez tomber enceinte ?
Si vous avez une hypertension chronique et que vous projetez une grossesse, ne vous contentez pas de « voir ce qui se passe ». Agissez à l’avance.
Les recommandations de la FDA, de l’ACOG et de Medsafe sont claires : avant même d’arrêter la contraception, vous devez discuter avec votre médecin de la transition vers un traitement sûr. Cela peut prendre plusieurs semaines, voire des mois, pour ajuster les doses et stabiliser la pression avec un médicament compatible.
Voici ce que vous devez faire :
- Parlez à votre médecin de vos projets de grossesse - même si c’est dans six mois.
- Ne changez pas de médicament par vous-même. Un changement brutal peut provoquer une crise hypertensive.
- Utilisez une contraception fiable jusqu’à ce que votre nouveau traitement soit bien établi et validé comme sûr.
- Demandez une évaluation de votre pression artérielle avant la conception. Une bonne pression avant la grossesse réduit les risques pour vous et votre bébé.
Beaucoup de femmes pensent que « si je ne suis pas encore enceinte, je peux continuer ». Ce n’est pas vrai. Les grossesses non planifiées représentent près de 40 % des cas d’exposition aux IEC/ARA II. La prévention, c’est la meilleure protection.
Les directives médicales sont-elles vraiment unanimes ?
Oui. Toutes les grandes sociétés médicales mondiales - de l’ACOG aux États-Unis jusqu’à la SOGC au Canada, en passant par l’EMA en Europe et l’OMS - sont d’accord : aucun trimestre n’est sûr. Il n’y a pas de « faible risque », pas de « petit dosage », pas de « juste quelques jours ».
Le dernier avis de Medsafe en septembre 2024 répète que ces médicaments sont « contre-indiqués en grossesse », avec un avertissement clair sur la « toxicité fœtale et néonatale ». Leur étiquetage en France, aux États-Unis, et en Europe contient un avertissement en encadré - le niveau le plus élevé de précaution. Et pourtant, selon les données de la FDA en 2021, 1,2 % des grossesses chez les femmes hypertendues impliquent encore une exposition à ces médicaments. Cela signifie que des femmes continuent à les prendre sans savoir, ou qu’elles sont mal conseillées.
C’est pourquoi les médecins doivent désormais :
- Demander systématiquement aux patientes : « Êtes-vous enceinte ? » et « Prévoyez-vous une grossesse ? » avant de prescrire un IEC ou un ARA II.
- Éduquer clairement les patientes : « Ce médicament peut tuer votre bébé. »
- Proposer un remplacement avant la conception - pas après.
Comment savoir si vous êtes bien suivie ?
Voici ce qu’une bonne prise en charge devrait inclure :
- Un changement de traitement avant ou dès la confirmation de grossesse.
- Un suivi de la pression artérielle au moins une fois par semaine.
- Des échographies régulières pour mesurer le liquide amniotique et la croissance du bébé.
- Des analyses de sang pour surveiller le potassium et la fonction rénale.
- Un plan d’urgence en cas de hausse soudaine de la pression.
Si votre médecin ne parle pas de ces points, demandez-le. Votre vie et celle de votre bébé en dépendent.
Les alternatives naturelles peuvent-elles remplacer les médicaments ?
Non. Il n’existe aucune preuve que les herbes, les compléments alimentaires, la diète seule ou le yoga puissent remplacer un traitement médicamenteux pour une hypertension modérée à sévère pendant la grossesse.
Une alimentation équilibrée, une activité physique douce et la réduction du sel peuvent aider - mais pas suffisamment. Si votre tension est à 150/95 ou plus, vous avez besoin d’un médicament sûr. Attendre pour « voir » peut entraîner une pré-éclampsie, une naissance prématurée, ou même la mort du bébé.
Ne confondez pas « naturel » avec « sûr ». Ce qui est naturel n’est pas toujours inoffensif. Ce qui est médicalisé, en revanche, est testé, contrôlé, et adapté.
Que faire si vous avez déjà eu un bébé exposé ?
Si vous avez eu une grossesse précédente avec exposition à un IEC ou un ARA II, et que votre bébé a eu des complications, parlez-en à votre médecin avant une nouvelle grossesse. Vous aurez besoin d’un suivi encore plus rigoureux.
Des études montrent que les femmes ayant déjà eu un bébé affecté par ces médicaments ont un risque plus élevé de récidive. Un plan de grossesse précoce, avec un changement de traitement 3 à 6 mois avant la conception, est indispensable.
Ne culpabilisez pas. Ce qui s’est passé est une erreur médicale courante - mais répétable. Avec les bonnes informations, vous pouvez faire la différence cette fois-ci.
Puis-je reprendre les inhibiteurs de l'ACE après l'accouchement ?
Oui, après l'accouchement, vous pouvez reprendre un inhibiteur de l'ACE ou un ARA II si nécessaire, mais seulement après avoir discuté avec votre médecin. Si vous allaitez, certains de ces médicaments peuvent passer dans le lait. Votre médecin pourra alors vous proposer une alternative plus sûre pour l'allaitement, comme le labétalol ou le méthyldopa, ou ajuster le traitement selon votre situation.
Les IEC et ARA II sont-ils dangereux pendant l'allaitement ?
Certains inhibiteurs de l'ACE, comme l'énalapril, passent en très faible quantité dans le lait maternel, et sont généralement considérés comme compatibles avec l'allaitement. Les ARA II, en revanche, sont déconseillés car leur sécurité n'est pas bien établie. Le labétalol et le méthyldopa restent les premiers choix pendant l'allaitement. Toujours consulter un médecin avant de reprendre un traitement.
Est-ce que les IEC et ARA II augmentent le risque de malformations du fœtus ?
Les données sont complexes. Certaines études ne trouvent pas d'augmentation des malformations majeures au premier trimestre, mais d'autres, comme la méta-analyse de 2020, montrent un risque accru de complications graves - même sans malformations visibles. L'essentiel est que les risques ne sont pas seulement des malformations : insuffisance rénale, mort fœtale, naissance prématurée sont bien plus fréquents et plus dangereux. La sécurité ne se limite pas aux malformations.
Comment savoir si mon médecin me prescrit un IEC ou un ARA II ?
Regardez le nom du médicament sur votre ordonnance. Les IEC se terminent souvent par « -pril » : enalapril, lisinopril, captopril. Les ARA II se terminent par « -sartan » : losartan, candesartan, valsartan. Si vous voyez l’un de ces noms, demandez immédiatement si c’est sûr pendant la grossesse. Ne supposez pas qu’il est inoffensif.
Y a-t-il des cas où un IEC ou un ARA II pourrait être utilisé en grossesse ?
Non. Aucune société médicale internationale ne recommande l'utilisation de ces médicaments à n'importe quel stade de la grossesse. Il n'existe aucune exception, même pour des cas extrêmes. Si votre pression est très élevée, d'autres médicaments sûrs existent. Le risque pour le bébé est trop élevé pour justifier une exception.
7 Commentaires
Je viens de voir ça et j’ai failli pleurer… j’ai pris un ARA II pendant 3 mois avant de savoir que j’étais enceinte. Mon bébé va bien, mais j’ai eu peur de tout perdre. Merci pour cet article, j’espère qu’il sauvera d’autres vies.
Je suis médecin en région parisienne et je peux dire qu’on en voit trop souvent. Des patientes qui disent 'j’ai arrêté la pilule hier, j’ai pris mon losartan ce matin'. On doit faire un travail d’éducation en amont, pas en urgence. Ce post est une bombe à vérité.
Encore une fois, les Américains et leurs 'guidelines' qui nous imposent leur médecine. En France, on a des médecins qui savent ce qu’ils font ! Les IEC, c’est pas un poison, c’est juste qu’il faut bien doser. Et puis, les bébés français sont plus forts que ces études américaines !
J’ai lu tout ça… et je me sens un peu coupable. J’ai prescrit du candesartan à une patiente l’an dernier. Elle n’a pas dit qu’elle voulait tomber enceinte. J’aurais dû poser la question. Je me sens mal.
Moi j’ai pris du labétalol pendant ma grossesse. C’était pas parfait, mais ça a marché. J’ai eu un bébé en bonne santé. Si vous avez de la tension, parlez à votre médecin, mais surtout, ne paniquez pas. Il y a des solutions.
JE SUIS ENCEINTE ET JE PRENDS DU LOSARTAN. JE VIENS DE LIRE CET ARTICLE ET JE SUIS EN TRAIN DE TREMBLER. JE VIENS D’ARRÊTER. JE VAIS APPELER MON MEDECIN MAINTENANT. MERCI. MERCI. MERCI. JE N’AI PAS VU CE QUE J’AVAIS FAIT. JE SUIS TERRIFIÉE MAIS JE ME SENTIS MOINS SEULE MAINTENANT.
😂😂😂 j’ai vu un post comme ça et j’ai cru que c’était un canular. 'Ces médicaments tuent les bébés'… mais tu parles d’un médicament qui sauve des vies d’adultes ! On va tous finir par mourir de peur de tout ! 😭👶💊